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SCÈNE I.

pas la victoire, — sur mon honneur, je suis prêt à donner ma baronnie — pour un lacet de soie : ne parlons plus de ça.

northumberland.

— Et pourquoi donc ce gentilhomme qui a accosté Travers — donne-t-il ces détails désastreux ?

lord bardolphe.

Qui, lui ? — C’est quelque mauvais drôle qui aura volé — le cheval qu’il montait, et qui, sur ma vie ! — aura parlé au hasard. Tenez, voici encore des nouvelles.


Entre Morton.
northdmberland.

— Oui, le front de cet homme, comme certains frontispices, — annonce une œuvre de nature tragique. — Telle apparaît la rive sur laquelle le flot impérieux — a laissé les traces de son usurpation. — Parle, Morton, tu viens de Shrewsbury !

morton.

— Oui, mon noble lord, je me suis échappé de Shrewsbury, — où la détestable mort a mis son masque le plus hideux — pour épouvanter notre parti.

northumberland.

Comment se portent mon fils et mon frère ? — Tu trembles, et la pâleur de tes joues, — mieux que ta bouche, me dit ton message. — Tel était l’homme qui, défaillant, accablé, — sinistre, la mort dans les yeux, perdu de douleur, — tira le rideau de Priam dans l’horreur de la nuit, — et voulut lui dire que la moitié de sa Troie était en flammes ; — mais Priam connut l’incendie, avant les paroles de l’homme, — et moi, je sais la mort de mon Percy, avant que tu l’aies annoncée. — Voici ce que tu veux me dire : « Votre fils a fait ceci, et ceci ; — votre frère, ceci ; ainsi a combattu le noble Douglas ! »