— Vous voyez donc dans quel triste état — est le corps de notre royaume ; de quelle maladie violente — et dangereuse il est atteint près du cœur.
— Ce n’est encore qu’une constitution troublée, — à laquelle on peut restituer toute son énergie — avec de bons avis et une médecine légère. — Milord Northumberland sera bientôt refroidi.
— Mon Dieu ! que ne peut-on lire le livre du destin, — et voir, grâce aux révolutions des temps, — les montagnes s’aplanir, et le continent, — las de sa solide fermeté, se fondre dans la mer, ou, à d’autres époques, — la ceinture de plages de l’Océan — devenir trop large pour les flancs de Neptune ! Que ne peut-on voir toutes les dérisions du sort — et de combien de liqueurs diverses la fortune — remplit la coupe des vicissitudes (67) ! Oh ! si tout cela pouvait se voir, — le plus heureux jeune homme, à l’aspect de la route à parcourir, — des périls passés, des traverses futures, — voudrait fermer le livre et s’asseoir et mourir !… — Il n’y a pas dix ans — que Richard et Northumberland, grands amis, — banquetaient ensemble ; et, deux années plus tard, — ils étaient en guerre !… Il y a huit ans à peine, — ce Percy était l’homme le plus proche de mon cœur ; — il travaillait, comme un frère, à mes succès, — et mettait à mes pieds son amour et sa vie ; — il allait pour moi, à la face même de Richard, — lui jeter un défi. Mais qui de vous était là ?
— Vous, cousin Névil, si j’ai bonne mémoire, — vous étiez là, quand Richard, les yeux inondés de larmes, — rebuté et honni par Northumberland, — prononça ces paroles devenues aujourd’hui prophétiques — : Ô Northum-