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SCÈNE VIII.

berland, qui as servi d’échelle — à mon cousin Bolingbroke pour monter sur le trône… — (Dieu sait pourtant que telle n’était pas d’abord mon intention ; — mais la nécessité fît pencher l’État si bas — que la couronne et ma tête durent se toucher)… Un temps viendra, poursuivit-il, — un temps viendra où ce crime hideux, formant un abcès, éclatera en corruption ! Et il continua, — prédisant les événements de notre époque — et la rupture de notre amitié.

warwick.

Il y a dans toutes les vies humaines des faits — qui représentent l’état des temps évanouis ; — en les observant, un homme peut prédire, — presque à coup sûr, le développement essentiel des choses — encore à naître, qui sont recelées — en germe dans leurs faibles prodromes, — et que l’avenir doit couver et faire éclore. — Aussi, d’après cette formation nécessaire, — le roi Richard a pu parfaitement deviner — que la trahison, commise envers lui par le grand Northumberland, — serait le germe d’une trahison plus grande — qui, pour s’enraciner, ne trouverait de terrain — qu’à votre détriment.

le roi.

Ces choses sont-elles des nécessités ? — Alors, recevons-les comme des nécessités. — Et c’est encore la nécessité qui nous presse en ce moment. — On dit que l’évêque et Northumberland — sont forts de cinquante mille hommes.

warwick.

Cela ne peut être, milord. — La rumeur, pareille à la voix de l’écho, double — le nombre de ceux qu’on redoute. Que Votre Grâce veuille bien — se mettre au lit ; sur mon âme, milord, — les forces que vous avez déjà envoyées — remporteront bien aisément cette victoire. — Pour vous tranquilliser mieux encore, j’ai reçu — la nouvelle certaine que Glendower est mort. — Votre Majesté n’est pas