lui retire la vie, et pare ainsi les coups de sa faux crochue.
CXII
Ô muse truande ! quelle sera ta pénitence pour avoir ainsi négligé tant de vertu colorée de tant de beauté ? Beauté et vertu appartiennent toutes deux à mon amour ; toi, tu lui appartiens aussi, et c’est ce qui t’ennoblit.
Réponds, muse ; vas-tu par hasard me dire que la vertu n’a pas besoin de couleur pour en couvrir sa couleur, ni la beauté de pinceau pour manifester sa réalité, mais que la perfection, pour être la perfection, doit toujours être sans mélange ?
Quoi ! parce qu’il n’a pas besoin d’éloge, vas-tu devenir muette ? Ne donne pas ce prétexte à ton silence, car il ne tient qu’à toi de faire vivre mon ami au delà d’une tombe dorée, et de le faire louer par les siècles futurs.
Allons ! muse, à l’œuvre ! je vais t’apprendre à le faire voir à l’avenir tel qu’il apparaît aujourd’hui.
CXIII
Mon amour s’est fortifié, quoique plus faible en apparence : je n’aime pas moins, bien que je semble moins aimer. C’est faire marchandise de ce qu’on aime que d’en publier partout à haute voix la riche estimation.
Notre amour, tout nouveau, n’était encore qu’à son printemps, quand j’avais coutume de le saluer de mes