lais, semblable à Philomèle, qui chante au front de l’été et qui retient sa voix à la venue d’une saison plus mûre.
Non pas que l’été soit moins charmant alors qu’à l’époque où elle berçait la nuit de ses hymnes douloureux ; mais c’est que toutes les branches fredonnent une musique rustique, et que les plus suaves choses perdent leur charme à devenir communes.
Aussi, comme l’oiseau, je retiens quelque temps ma langue, de peur que vous ne vous lassiez de mes chants.
CXIV
Hélas ! quelle pauvreté montre ma muse, pour que, présentant une telle ampleur à son inspiration, mon sujet soit plus beau dans sa nudité que sous les éloges dont elle le couvre !
Oh ! ne me blâmez pas si je ne puis plus écrire ! Regardez dans votre miroir, et vous y verrez un visage dont la perfection excède absolument mon invention grossière, énerve ma poésie et fait ma confusion.
Ne serait-il pas coupable, en tâchant de l’embellir, de dégrader un sujet si beau par lui-même ? Car mes vers n’ont pas d’autre but que de parler de vos grâces et de vos dons.
Et tout ce qu’il en peut tenir dans mon vers n’est rien, non, rien, à côté de ce que vous montre votre glace, quand vous y regardez.