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VÉNUS ET ADONIS.

criards, répondent à tous les appels et se prêtent aux caprices les plus fantasques. Elle dit oui ; tous répondent oui ; et tous eussent dit comme elle, si elle avait dit non.

CXLIII

Attention ! voici la gentille alouette, lasse de repos, qui de son retrait humide s’envole à tire-d’aile, et réveille l’aube ; le soleil dans sa majesté se détache de ce sein d’argent, et jette sur le monde un si splendide regard que les cimes des cèdres et les coteaux semblent de l’or bruni.

CXLIV

Vénus le salue de ce bonjour flatteur : « O toi, dieu rayonnant, patron de toute lumière, toi à qui chaque lampe et chaque étoile empruntent la magnifique influence qui les fait briller, il existe ici-bas un enfant, allaité par une mère terrestre, qui pourrait te prêter de la lumière, comme tu en prêtes aux autres. »

CXLV

Cela dit, elle se hâte vers un bosquet de myrte, étonnée de voir la matinée si avancée, sans qu’elle ait eu des nouvelles de son bien-aimé ; elle tâche de distinguer la voix de ses limiers et le son de son cor ; bientôt elle les entend retentir bruyamment, et tout en hâte elle accourt au bruit.

CXLVI

Et, comme elle s’élance, les broussailles de la route l’attrapent par le cou, lui baisent le visage, ou s’enlacent