temps, dit-elle, ce qui fait mon dépit, c’est que, toi mort, le jour continue de briller.
CXC
» Puisque tu es mort, hélas ! voici ma prophétie : l’amour sera désormais accompagné par la douleur ; il sera escorté par la jalousie, trouvera doux les commencements, mais amère la conclusion ; toujours trop exalté ou trop abattu, jamais il ne gardera l’équilibre ; et toutes ses jouissances ne contre-balanceront pas ses douleurs.
CXCI
» Il sera capricieux, trompeur et plein de fraude ; à peine éclos, il sera flétri d’un souffle. Il recèlera le poison au fond, tout en étalant à la surface des douceurs embaumées qui tromperont les meilleurs regards. Il fera du fort le plus faible, frappera de mutisme le sage et laissera la parole au fou.
CXCII
» Il sera économe et plein d’extravagance ; il apprendra toutes les danses à l’âge décrépit ; il maintiendra en repos l’homme de violence stupéfait ; il ruinera le riche, il enrichira le pauvre ; il sera follement furieux, doucement débonnaire ; il fera du jeune un vieux, et du vieux un enfant.
CXCIII
» Il soupçonnera sans qu’il y ait motif de crainte ; il ne craindra rien quand il devra le plus se méfier. Il sera