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SONNETS ET POÈMES.

la collection, où le hasard et peut-etre la fraude l’ont fait entrer, et nous croyons l’avoir remis ici à sa véritable place.

(4) Dowland était un musicien fort en vogue en 1590. On peut croire que les premiers sonnets ont été écrits vers cette époque.

(5) En 1590, Spenser n’avait encore publié que les trois premiers livres de son fameux poëme ; la Reine des Fées. Les trois autres furent imprimés en 1596.

(6) Pour bien comprendre ce sonnet, il faut se rappeler que le mot anglais fair, qui signifie blond, signifie également beau. En Angleterre donc, dire à une femme qu’elle est blonde, c’est aussi lui dire qu’elle est belle. La langue britannique adresse là une flatterie à la pâle race d’Albion, et Shakespeare se plaint ici de la préférence systématique qu’elle accorde ainsi à la blonde au détriment de la brune. Il s’élève aussi contre cette manie trop modeste qu’avaient les brunes de son temps de porter des perruques blondes pour ne pas paraître ce qu’elles étaient.

(7)

She’s beautiful ; and therefore to be wooed ;
She is a woman ; therefere to be won.

Elle est belle, donc faite pour être courtisée ; elle est femme, donc faite pour être séduite.

(Henry VI, première partie.)

(8) C’est le commentateur Drake qui a, le premier, fait remarquer le rapport singulier qui existe entre ce sonnet et la dédicace du poëme de Lucrèce. Il en a conclu, comme nous, que ce lord Southampton, à qui ce poëme fut dedié, est aussi le personnage mystérieux que Shakespeare appelle ici le lord de son amour.

(9) C’est à propos de ce sonnet que plusieurs critiques anglais, entre autres Coleridge, ont cru nécessaire de défendre la mémoire de Shakespeare contre certaines insi-