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NOTES.

nuations honteuses. Nous avouons franchement que nous ne pouvons voir ici la nécessité d’une telle apologie.

(10) Le moyen âge, répétant l’antiquité, faisait consister la création, comme la vie humaine, dans la combinaison de quatre éléments, l’eau, l’air, la terre et le feu. Shakespeare rappelle souvent dans ses œuvres cette théorie de la chimie de son temps. Exemple, ces lignes de Henry V :

« He is pure air and fire ; and the dull elements of earth and water never appear in him. Il est pur air et pur feu ; et les grossiers éléments, terre et eau, n’apparaissent jamais en lui. »

Le moyen âge manichéen croyait voir la guerre du bien et du mal entre ces quatre éléments : l’air et le feu emportaient l’homme vers l’idéal ; l’eau et la terre l’enchaînaient à la matière.

Shakespeare fait dire a Cléopâtre :

I am fire and air ; my other elements
I give to baser life.

Je suis feu et air ; mes autres éléments, je les donne à une vie inférieure.

(11) Malone conjecture que ce sonnet accompagnait l’envoi d’un album dont toutes les pages étaient blanches. C’est sur ces pages que Shakespeare invite son ami à écrire ses mémoires.

(12) On se souvient qu’un des sonnets traduits plus haut (XLVII) se termine par les deux mêmes vers.

(13) Un tel langage était certes audacieux a l’époque où la toute-puissante coquette Élisabeth, luttant contre la vieillesse qui l’envahissait, se coiffait de faux cheveux, et permettait qu’on ouvrit les tombeaux pour couper les chevelures des mortes et en faire des perruques. Shakespeare a protesté maintes fois contre ces violations sacriléges. Dans le Marchand de Venise, il fait dire à Bassanio :