donc fait pour être assailli (7). Et, quand une femme le courtise, quel est le fils de femme assez revêche pour la quitter avant qu’elle ait prévalu ?
Hélas ! pourtant tu aurais pu respecter mon domaine et gronder ta beauté et ta jeunesse vagabonde de t’entraîner dans leur débauche là où tu es forcé de violer une double foi :
Celle qu’elle me doit, par la tentation où ta beauté l’entraîne ; celle que tu me dois, par ton infidélité.
XXXV
Qu’elle soit à toi, ce n’est pas là tout mon chagrin ; et cependant on peut dire que je l’ai bien aimée ; mais que tu sois à elle, voilà ma suprême douleur : cette perte d’amour-là me touche de bien plus près.
Ô mes offenseurs chéris, voici comment je vous excuse ; toi, tu l’aimes, parce que tu sais que je l’aime ; elle, c’est encore pour moi qu’elle me trompe en permettant à mon ami de l’apprécier à cause de moi.
Si je te perds, ma perte fait le gain de ma bien-aimée ; et, si je la perds, c’est mon ami qui profite de la perte ; si je vous perds tous deux, tous deux vous vous trouvez ensemble, et c’est encore pour mon bénéfice que vous me faites porter cette croix.
Ce qui me console, c’est que mon ami et moi, nous ne faisons qu’un : douce flatterie ! il n’y a donc que moi qu’elle aime.