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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/73

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SONNETS.


*

XXXVI

Lord de mon amour (8), toi dont le mérite a impérieusement réduit mon dévouement en vasselage, je t’envoie cette ambassade écrite, comme hommage de mon attachement, non comme preuve de mon esprit ;

Attachement si grand qu’un pauvre esprit comme le mien peut le faire paraître nu, manquant de mots pour le présenter. Mais j’espère que quelque bonne pensée l’abritera, tout nu qu’il est, au fond de ton âme,

Jusqu’au jour où l’étoile inconnue, dont les mouvements me guident, jettera gracieusement sur moi quelque brillant rayon, et parera mon amour déguenillé de façon à le rendre digne de ton ineffable attention.

Alors j’oserai te dire hautement comme je t’aime ; jusque-là je ne m’exposerai pas à ce que tu me mettes à l’épreuve.

XXXVII

Semblable à un acteur imparfait qui en scène est jeté par sa timidité hors de son rôle, ou à un être en délire qui, emporté par trop de frénésie, sent son cœur s’affaiblir par l’excès de la force,

J’oublie, par manque de confiance, de parler exactement suivant les formes prescrites par le rite d’amour, et