Et pourtant, ni les chants des oiseaux, ni les suaves parfums des fleurs les plus diverses en odeur et en nuance, ne pouvaient me faire dire un conte d’été, ou cueillir un seul bouton au giron coquet qui l’offrait ;
Je ne m’extasiais pas sur la blancheur des lis, et je n’admirais pas le vermillon profond des roses ; je ne les aimais que comme des formes charmantes dessinées d’après vous, leur modèle à toutes.
Mais je me croyais toujours en hiver, et, vous absent, j’ai joué avec elles comme avec votre ombre.
LXIV
J’ai grondé ainsi la violette précoce : « Suave friponne, où as-tu volé le parfum que tu exhales, si ce n’est au souffle de mon amour ? Cet éclat empourpré, qui fait le teint de ta joue si douce, tu l’as pris trop grossièrement à ses veines. »
J’ai condamné le lis au nom de ta main, et le bourgeon de la marjolaine comme plagiaire de tes cheveux. Deux roses effarées se dressaient sur leurs épines, l’une, rouge de honte, l’autre, blanche de désespoir :
Une troisième, ni rouge ni blanche, les avait volées toutes deux, et à cette dépouille avait ajouté ton parfum ; mais, pour punition, dans tout l’éclat de son épanouissement, elle est dévorée à mort par un ver vengeur.
J’ai remarqué d’autres fleurs encore, mais je n’en ai vu aucune qui ne t’ait volé son parfum ou sa couleur.