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CORIOLAN.

vous entourer d’un parti puissant, ou chercher votre salut, — soit dans la modération, soit dans l’absence : la fureur est universelle.

ménénius.

— Rien qu’une bonne parole !

cominius.

Je crois qu’elle suffira, s’il — peut y plier son humeur.

volumme.

Il le doit et il le voudra. — Je vous en prie, dites que vous consentez, et allez-y vite.

coriolan.

— Faut-il que j’aille leur montrer mon masque échevelé ? Faut-il — que ma langue infâme donne à mon noble cœur — un démenti qu’il devra endurer ? Soit ! j’y consens. — Pourtant s’il ne s’était agi que de sacrifier cette masse d’argile, — cette ébauche de Marcius, ils l’auraient plutôt réduite en poussière — et jetée au vent ! À la place publique ! — Vous m’avez imposé là un rôle que jamais — je ne jouerai naturellement.

cominius.

Venez, venez, nous vous soufflerons.

volumnie.

— Je t’en prie, fils chéri. Tu as dit — que mes louanges t’avaient fait guerrier : eh bien, — pour avoir encore mes éloges, remplis un rôle — que tu n’as pas encore soutenu.

coriolan.

Soit ! il le faut. — Arrière, ma nature ! À moi, — ardeur de la prostituée ! que ma voix martiale, — qui faisait chœur avec mes tambours, devienne grêle — comme un fausset d’eunuque ou comme la voix virginale — qui endort l’enfant au berceau ! que le sourire du fourbe — se fixe sur ma joue et que les larmes de l’écolier couvrent — mon regard de cristal ! qu’une langue de mendiant — se meuve entre mes lèvres ; et que mes genoux armés, —