Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/147

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williams.

Ouais, il a dit ça pour nous faire combattre avec plus de confiance ; mais, une fois nos gorges coupées, il peut payer rançon, et nous n’en serons pas plus avancés.

le roi henry.

Si je vis assez pour voir ça, je ne me fierai plus jamais à sa parole.

WILLIAMS, ironiquement.

Par la messe ! vous lui en demanderiez compte !… Figurez-vous la terrible décharge d’un vieux fusil : voilà la chétive colère d’un particulier éclatant contre un monarque. Vous pourriez aussi bien essayer de faire du soleil un glaçon, en l’éventant avec une plume de paon. « Vous ne vous fierez plus jamais à sa parole ! » Allons ! c’est une bêtise que vous dites là !

le roi henry.

Votre rebuffade est un peu trop brusque ; je me fâcherais contre vous, si le moment était convenable.

williams.

Eh bien, ayons une querelle ensemble, si vous survivez.

le roi henry.

Volontiers.

williams.

Comment te reconnaîtrai-je ?

le roi henry.

Donne-moi un gage, et je le porterai à mon chapeau. Alors, si tu oses le réclamer, j’en ferai ma querelle.

williams.

Voici mon gant : donne-moi le tien en échange.

le roi henry.

Voilà.

williams.

Moi aussi, j’entends porter le tien à mon chapeau ; si jamais, demain une fois passé, tu viens à moi et me dis :