Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/282

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Talbot n’eût jamais voulu fuir, lors même qu’il l’eût pu.

somerset.

— S’il est mort, adieu donc le brave Talbot !

lucy.

— Sa gloire vit dans l’univers, son déshonneur en vous !

Ils sortent.

SCÈNE XIX.
[Le camp anglais devant Bordeaux.]
Entrent Talbot et John, son fils.
talbot.

— Ô jeune Talbot, je t’avais envoyé chercher — pour t’initier aux stratagèmes de la guerre, — afin que le nom de Talbot pût revivre en toi, — quand l’âge, ayant épuisé la séve dans mes membres infirmes et débiles, — aurait relégué ton père sur sa chaise de langueur. — Mais, ô malignité des funestes étoiles ! — voici que tu arrives pour le festin de la mort, — dans un terrible et inévitable danger. — Aussi, cher enfant, monte mon cheval le plus vif, — et je te dirai le moyen d’échapper — par une fuite soudaine ; allons, ne flâne pas, pars.

john.

— Mon nom est-il Talbot ? Et suis-je votre fils ? — Et je fuirais ! Oh ! si vous aimez ma mère, — ne déshonorez pas son nom honorable — en faisant de moi un bâtard et un misérable. — Le monde dira : « Il n’est pas du sang de Talbot — celui qui a fui lâchement, quand le noble Talbot restait ! »

talbot.

— Fuis, pour venger ma mort, si je suis tué.

john.

— Celui qui fuit ainsi ne reviendra jamais sur ses pas.