Talbot n’eût jamais voulu fuir, lors même qu’il l’eût pu.
— S’il est mort, adieu donc le brave Talbot !
— Sa gloire vit dans l’univers, son déshonneur en vous !
— Ô jeune Talbot, je t’avais envoyé chercher — pour t’initier aux stratagèmes de la guerre, — afin que le nom de Talbot pût revivre en toi, — quand l’âge, ayant épuisé la séve dans mes membres infirmes et débiles, — aurait relégué ton père sur sa chaise de langueur. — Mais, ô malignité des funestes étoiles ! — voici que tu arrives pour le festin de la mort, — dans un terrible et inévitable danger. — Aussi, cher enfant, monte mon cheval le plus vif, — et je te dirai le moyen d’échapper — par une fuite soudaine ; allons, ne flâne pas, pars.
— Mon nom est-il Talbot ? Et suis-je votre fils ? — Et je fuirais ! Oh ! si vous aimez ma mère, — ne déshonorez pas son nom honorable — en faisant de moi un bâtard et un misérable. — Le monde dira : « Il n’est pas du sang de Talbot — celui qui a fui lâchement, quand le noble Talbot restait ! »
— Fuis, pour venger ma mort, si je suis tué.
— Celui qui fuit ainsi ne reviendra jamais sur ses pas.