Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/356

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vait et marchait le roi anglais moult fort atout ses gens d’armes.

Et adonc Antoine, duc de Brabant, qui avait été mandé de par le roi de France, accompagné de petit nombre, se bouta entre la dite avant-garde et bataille. Et pour la grand’hâte qu’il avait eue, avait laissé ses gens derrière : mais sans délai il fut mis à mort des dits Anglais. Lesquels conjointement et vigoureusement envahirent de plus en plus les dits Français en dérompant les deux premières batailles dessus dites en plusieurs lieux, et abattant et occisant cruellement et sans merci iceux. Et entre temps aucuns furent relevés par l’aide de leurs varlets et menés hors de ladite bataille ; car les dits Anglais si étaient moult ententieux et occupés à combattre, occire et prendre prisonniers, pour quoi ils ne chassaient, ne poursuivaient personne.

Et alors toute l’arrière-garde étant encore à cheval et voyant les deux premières batailles dessus dites avoir le pire, se mirent à fuir, excepté aucuns des chefs et conducteurs d’icelle, c’est à savoir qu’entre-temps que la dite bataille durait, les Anglais, qui jà étaient au-dessus, avaient pris plusieurs prisonniers français. Et adonc vinrent nouvelles au roi anglais que les Français les assaillaient par derrière, et qu’ils avaient déjà pris ses sommiers et autres bagues, la quelle chose était véritable, car Robinet de Bournonville, Rifflart de Clamasse, Ysambert d’Azincourt et aucuns autres hommes d’armes, accompagnés de six cents paysans, allèrent férir au bagage du dit roi d’Angleterre, et prirent les dites bagues et autres choses avecque grand nombre de chevaux des dits Anglais, entre temps que les gardes d’iceux étaient occupés en la bataille. Pour laquelle détrousse le dit roi d’Angleterre fut fort troublé ; voyant avecque ce devant lui à plein champ les Français, qui s’en étaient fuis, eux re-