ainsi mon cœur. — Sur ce, ayant cessé de voir la belle Angleterre, — je sommai mes yeux de suivre mon cœur, — et les traitai de besicles aveugles et troubles — pour avoir ainsi perdu de vue la côte souhaitée d’Albion. — Que de fois j’ai invité Suffolk, — l’agent de ta noire inconstance, — à s’asseoir et à me charmer de ses récits, comme autrefois Ascagne — racontait à Didon affolée — les actes accomplis par son père dans Troie embrasée ! — Et ne suis-je pas sous le charme comme elle ? et n’es-tu pas perfide comme lui ? — Hélas ! je n’en puis plus ! Meurs, Marguerite ! — Car Henry pleure de te voir vivre si longtemps (19).
— On rapporte, puissant souverain, — que le bon duc Homphroy a été traîtreusement assassiné — à l’instigation de Suffolk et du duc de Beaufort. — Le peuple, comme un essaim furieux d’abeilles — ayant perdu son chef, se répand de toutes parts, — prêt à piquer n’importe qui pour se venger. — J’ai pu suspendre l’explosion de sa colère — jusqu’à ce qu’il sache les circonstances de cette mort.
— Le duc est mort, bon Warwick, cela n’est que trop vrai ; — mais comment est-il mort ? Dieu le sait ; Henry, non. — Entrez dans sa chambre, examinez son cadavre inanimé, — et expliquez alors sa mort soudaine.
— J’y vais, mon suzerain… Reste, Salisbury, — reste avec la rude multitude, jusqu’à ce que je revienne.
— Ô toi qui juges toutes choses, arrête ma pensée, — ma pensée qui s’acharne à persuader à mon âme — que des mains violentes ont attenté à la vie d’Homphroy ! —