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SCÈNE XI.

le roi henry.

— Ah ! quel signe d’une vie mauvaise, — quand l’approche de la mort semble si terrible !

warwick.

— Beaufort, c’est ton souverain qui te parle.

le cardinal.

— Faites-moi mon procès quand vous voudrez. — N’est-il pas mort dans son lit ? Où devait-il mourir ? — Puis-je faire vivre les gens bon gré mal gré ? — Oh ! ne me torturez plus ! j’avouerai… — Revenu à la vie ! alors montrez-moi où il est. — Je donnerai mille livres pour le voir… — Il n’a pas d’yeux ; la poussière l’a aveuglé… — Relissez ses cheveux ; voyez, voyez, ils sont dressés — comme des gluaux tendus pour attraper mon âme au vol ! — Donnez-moi à boire, et dites à l’apothicaire — d’apporter le poison violent que je lui ai acheté.

le roi henry.

— Ô toi, éternel moteur des cieux, — jette un regard de pitié sur ce misérable ! — Oh ! chasse l’actif et importun démon — qui assiége si rudement l’âme de ce misérable ; — et purge son cœur de ce noir désespoir !

warwick.

— Voyez comme les angoisses de la mort le font grincer des dents.

salisbury.

— Ne le troublons pas ; laissons-le passer paisiblement.

le roi henry.

Paix à son âme, si c’est le bon plaisir de Dieu ! — Lord cardinal, si tu penses aux félicités du ciel, — élève la main, comme un signal d’espérance. — Il meurt sans faire de signe. Ô Dieu ! pardonne-lui.

warwick.

— Une mort si affreuse accuse une vie monstrueuse.

le roi henry.

— Abstenons-nous de juger, car nous sommes tous