Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
SCÈNE V.

comme l’aube ouvre ses portes d’or — et fait ses adieux au resplendissant soleil ! — Et lui, comme il ressemble à un jouvenceau — dans tout l’éclat de la jeunesse, étalant sa parure devant sa bien-aimée !

édouard.

— Mes yeux ont-ils un éblouissement, ou vois-je en effet trois soleils (37) ?

richard.

— Trois splendides soleils, chacun parfaitement distinct, — non pas séparés par des nuées tumultueuses, — mais espacés sur un ciel pâle et clair. — Voyez, voyez, ils se joignent, se serrent et semblent se baiser, — comme s’ils juraient une ligue inviolable. — Maintenant ils ne forment plus qu’une lampe, qu’une lumière, qu’un soleil. — En ceci le ciel figure quelque événement.

édouard.

— C’est prodigieusement étrange et tout à fait inouï — Je crois, frère, que le ciel nous appelle ainsi à une nouvelle campagne : — il veut que nous, les fils du brave Plantagenet, — déjà brillants par nos mérites distincts, — nous confondions ensemble nos lumières — pour resplendir sur la terre, comme ce soleil sur le monde. — Quel que soit, ce présage, je veux désormais porter — sur mon écu trois soleils éclatants.

richard.

— Non, portez plutôt trois lunes ; permettez-moi de vous dire, — vous aimez mieux les femelles que les mâles.

Entre un Messager.

— Mais qui es-tu, toi dont l’air accablé annonce — quelque terrible histoire suspendue à tes lèvres ?

le messager.

— Ah ! je suis un homme qui vient de voir une chose lamentable : — j’ai vu tuer le noble duc d’York, — votre auguste père et mon bien-aimé souverain.