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SCÈNE X.

deuxième garde-chasse.

— Oui, mais tu parles comme si tu étais roi.

le roi henry.

— Eh bien, je le suis en imagination, et cela suffit.

deuxième garde-chasse.

— Mais, si tu es roi, où est ta couronne ?

le roi henry.

— Ma couronne est dans mon cœur, et non sur ma tête ; — elle n’est pas ornée de diamants ni de pierreries indiennes ; — elle n’est pas visible : ma couronne s’appelle résignation ; — une couronne que rarement les rois possèdent !

deuxième garde-chasse.

— Eh bien, si vous êtes un roi couronné de résignation, — votre couronne de résignation et vous, il faut que vous vous résigniez — à nous suivre ; car, à ce que nous croyons, — vous êtes le roi que le roi Édouard a déposé ; et nous, ses sujets, lui ayant fait serment d’allégeance, — nous vous appréhendons comme son ennemi.

le roi henry.

— Mais ne vous est-il jamais arrivé de faire un serment et de le violer ?

deuxième garde-chasse.

— Non, un pareil serment, jamais, et nous ne commencerons pas aujourd’hui.

le roi henry.

— Où habitiez-vous quand j’étais roi d’Angleterre ?

deuxième garde-chasse.

— Ici, en ce pays où nous demeurons aujourd’hui.

le roi henry.

— J’ai été sacré roi à l’âge de neuf mois ; — mon père et mon grand-père ont été rois ; — et vous, étant mes sujets, m’avez juré fidélité ; — en bien donc, dites-moi, est-ce que vous n’avez pas violé votre serment ?