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SCÈNE XII.

— de baiser humblement votre main et de vous déclarer — de vive voix la passion de son cœur, — où la renommée, perçant son oreille attentive, — vient de placer l’image de votre beauté et de votre vertu.

la reine marguerite.

— Roi Louis, et vous, madame Bonne, veuillez m’écouter, — avant de répondre à Warwick. La demande d’Édouard — ne procède pas d’un amour désintéressé et honnête, — mais d’une politique astucieuse, fille de la nécessité. — Car comment les tyrans pourraient-ils régner sûrement au dedans, — s’ils n’acquéraient au dehors de grandes alliances ? — Pour le prouver tyran, il suffit de cette raison — que Henry vit encore ; mais, fût-il mort, — voici devant vous le prince Édouard, fils du roi Henry. — Veille donc, Louis, à ne pas attirer sur toi — le danger et l’opprobre par cette alliance et ce mariage. — Car les usurpateurs peuvent bien gouverner quelque temps ; — mais les cieux sont justes, et le temps renverse l’iniquité.

warwick.

— Insolente Marguerite !

le prince.

Et pourquoi pas reine ?

warwick.

— Parce que ton père Henry est un usurpateur, — et que tu n’es pas plus prince qu’elle n’est reine.

oxford.

— Ainsi Warwick annule le grand Jean de Gand, — qui soumit la plus grande partie de l’Espagne ; — et, après Jean de Gand, Henry IV, — dont la sagesse était le miroir des plus sages ; — et, après ce sage prince, Henry V, — qui par sa prouesse conquit toute la France. — C’est d’eux que descend directement notre Henry.

warwick.

— Oxford, comment se fait-il que, dans ce doucereux