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HENRY VIII.

plaire, — pour en être ainsi récompensée ? Ce n’est pas bien, milords. — Amenez-moi une femme fidèle à son mari, — une femme qui n’ait jamais rêvé de joie en dehors de son bon plaisir, — et à cette femme, quand elle aura fait de son mieux, — j’ajouterai encore un mérite, une immense patience.

wolsey.

— Madame, vous vous éloignez du but salutaire que nous cherchons.

la reine catherine.

— Milords, je ne veux pas commettre moi-même le crime — d’abandonner volontairement le noble titre — que m’a fait épouser votre maître. La mort seule — me fera divorcer avec ma dignité.

wolsey.

Veuillez m’écouter.

la reine catherine.

— Comme je voudrais n’avoir jamais foulé cette terre anglaise, — ni respiré les flatteries qui y croissent ! — Vous avez des visages d’anges, mais le ciel connaît vos cœurs. — Misérable, que vais-je devenir à présent ? — Je suis la plus malheureuse de toutes les femmes.

À ses femmes.

— Hélas ! pauvres filles, quelle sera votre destinée désormais, — naufragées sur un royaume où il n’y a ni pitié, — ni amis, ni espérance, où pas un parent ne pleure sur moi, — où l’on m’accorde à peine un tombeau ?… Comme le lis, — qui naguère régnait et fleurissait dans la prairie, — je vais incliner la tête et mourir.

wolsey.

Si Votre Grâce — pouvait se laisser convaincre que nos fins sont honnêtes, — elle se sentirait plus rassurée. Pourquoi, bonne dame, — par quel motif voudrions-nous vous faire tort ? Hélas ! notre fonction, — le caractère même de