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II° ET III° PARTIE DE HENRY VI. — HENRY VIII.


Fanfare d’alarme. Entre le jeune Clifford, seul.
le jeune clifford.

— Mon père de Cumberland ! — Où pourrai-je trouver mon vieux père ? — Oh ! terrible spectacle ! Voyez, le voilà gisant, inanimé, — baigné et couché dans son sang tiède encore ! — Ah ! vénérable pilier de la noble maison de Cumberland, — père chéri, je jure devant ton spectre assassiné — une immortelle haine à la maison d’York. — Je jure de ne pas dormir tranquille une seule nuit, — tant que je n’aurai pas vengé furieusement ta mort, tant qu’un seul de nos ennemis respirera sur terre.

Il met le cadavre sur son dos.

— Comme autrefois le fils du vieil Anchise emporta — son père vénérable sur son dos viril, — et combattit avec cette charge contre les Grecs sanguinaires, — ainsi je veux agir aujourd’hui. Mais arrêtons-nous, voici l’un de ceux — à qui mon âme a juré une immortelle haine.

Entre Richard. Alors Clifford dépose le corps de son père, attaque Richard et le met en fuite.

— Arrière, misérable bossu ! retire-toi de ma vue. — Quand j’aurai porté mon père à sa tente, — je te rejoindrai, et, une fois de plus, — avec plus de succès encore, je tenterai la fortune contre toi.

Clifford sort emportant son père.

Remarquons que le drame revisé supprime cet incident du combat où Clifford met en fuite Richard. Il semble que Shakespeare, en faisant cette suppression, ait résolu de ne pas troubler, par le plus léger échec, la longue série de succès qui doit porter Richard III au pouvoir.

(31) « Le roi, ayant été informé que cette grande armée marchait sur lui, assembla des troupes, avec l’intention de rencontrer le duc d’York dans le Nord, parce qu’il avait trop d’amis du côté de la ville de Londres ; et pour cette cause, avec grande hâte et faible chance, étant accompagné des ducs de Somerset et de Buckingham, des comtes de Stafford, de Northumberland et de Wiltshire, du lord Clifford et de divers autres barons, il partit de Westminster le 20 mai, pour se diriger sur la ville de Saint-Albans. Instruit de son approche par ses éclaireurs, le duc d’York traversa le pays avec toutes ses forces, et arriva sous la même ville trois jours après. Le roi, apprenant sa venue, lui envoya des messagers pour le sommer, comme un obéissant serviteur, de garder la paix et de ne pas égorger ses propres compatriotes, comme un ennemi de son pays. Tandis que le roi Henry, plus désireux de la paix que de la guerre, envoyait ses interprètes à un bout de la ville, le comte de Warwick, avec les