Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/464

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
460
IIe ET IIIe PARTIE DE HENRY VI. — HENRY VIII.

Galles. C’est Shakespeare qui, en révisant l’œuvre, a fait intervenir Glocester et Clarence comme complices du meurtre. Cette correction est importante à noter, car elle rétablit l’accord entre la troisième partie de Henry VI et Richard III sur un point essentiel. Nous nous rappelons effectivement que dans cette dernière pièce Glocester se vante d’avoir assassiné le fils de Henry VI, à Tewkesbury, au moment même où il prétend épouser la princesse Anne, veuve du prince assassiné (Voir le tome III, p. 293 et 294.)

(59) « Le pauvre roi Henry VI, déjà privé de son royaume et de sa couronne impériale, fut alors dépouillé de la vie, à la Tour de Londres, par Richard de Glocester, comme le bruit constant en a couru. Ce Richard tua ledit roi Henry avec son poignard, dans l’intention que son frère le roi Édouard régnât avec plus de sécurité. Toutefois des écrivains de cette époque, tout à fait favorables à la maison d’York, ont affirmé que le roi Henry, ayant appris les malheurs qui avaient frappé ses amis et la mort de son fils et de ses principaux partisans, en fut si affecté qu’il mourut de pur déplaisir, d’indignation et de mélancolie, le vingt-troisième jour de mai. Le corps fut transporté solennellement, avec hallebardes et glaives, la veille de l’Ascension, de la Tour à l’église Saint-Paul, et là exposé sur une bière, où il resta l’espace d’un jour entier ; le jour suivant, il fut transféré, sans prêtre ni clerc, sans torche ni cierge, sans chant ni parole, au monastère de Chertsey, situé à quinze milles de Londres, et c’est là qu’il fut d’abord enterré ; plus tard, il tut transporté à Windsor, et là inhumé à nouveau dans un caveau neuf. » — Holinshed.

(60) « Bien qu’il soit difficile de juger de l’authenticité de compositions aussi courtes, je ne puis m’empêcher d’exprimer ce soupçon que ni le prologue ni l’épilogue de cette pièce ne sont l’œuvre de Shakespeare. Non vultus, non color. Il me semble très-probable qu’ils sont dus à la collaboration amicale ou officieuse de Ben Jonson, dont ils semblent rappeler exactement la manière. Il y a encore une autre supposition possible : le prologue et l’épilogue peuvent avoir été écrits, après que Shakespeare se fut retiré du théâtre, à l’occasion de quelque reprise fortuite de la pièce ; et on serait même fondé à supposer que le reviseur, quel qu’il fût, n’était pas fort sympathique à l’auteur, la pièce étant recommandée au public sous le couvert d’une censure implicite de ses autres ouvrages. Il y a dans le théâtre de Shakespeare tant de bouffonnerie et de batailles, le drôle en longue cotte bigarrée galonnée de jaune y paraît si souvent, que je ne crois pas vraisembla-