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APPENDICE.

voulu que le bien, pour me rendre justiciable de ce nouveau tribunal ; en quoi vous pouvez me faire grand tort, si vos intentions sont cruelles ; car vous me pouvez condamner pour manque de justification suffisante, puisque je n’ai pas d’autres conseils que ceux qui me sont assignés et dont la sagesse et le savoir me sont inconnus. Vous devez considérer qu’ils ne sauraient être pour moi des conseillers impartiaux. ; étant vos sujets, et étant choisis dans votre propre conseil privé, ils n’oseraient, de crainte de vous déplaire, désobéir à vos intentions, une fois qu’elles leur auraient été confiées. Conséquemment, je vous prie très-humblement, au nom de la charité, et pour l’amour de Dieu qui est le juge suprême, de m’épargner l’extrémité de ce nouveau tribunal, jusqu’à ce que j’aie appris quelle marche mes amis d’Espagne me conseillent de suivre ; mais, si vous ne voulez pas m’accorder une faveur aussi insignifiante, que votre volonté soit faite ! Je remets ma cause dans la main de Dieu.

Et sur ce, elle se leva, faisant une profonde révérence au roi, et se retira. Beaucoup supposaient qu’elle allait retourner à sa première place ; mais elle sortit immédiatement de la salle, s’appuyant, comme elle avait coutume de le faire, sur le bras de son receveur général, appelé maître Griffith. Et le roi, étant averti de son départ, commanda à l’huissier de la rappeler, et celui-ci lui cria :

— Catherine d’Angleterre, comparaissez devant la cour ! Sur ce, maître Griffith lui dit :

— Madame, on vous rappelle.

— Marchons, marchons, dit-elle, il n’importe. Ce n’est point pour moi un tribunal équitable : aussi je ne veux pas rester ici. Allez votre chemin.

Et ce disant, elle se retira de la cour sans vouloir ré-