différentes ? Dégageons les diverses questions impliquées dans ce débat séculaire.
Première question : Quelle date faut-il assigner à la comédie de Shakespeare ? Est-ce l’année 1601, indiquée par Malone ? ou l’année 1596, fixée par Chalmers ? ou l’année 1592, préférée par MM. Knight et Halliwell ?
Deuxième question : La tradition rapportée par John Dennis, et léguée par le dix-huitième siècle au dix-neuvième, doit-elle être rejetée complètement, comme elle l’est par Chalmers, repoussée partiellement, comme elle l’est par MM. Knight et Halliwell, ou affirmée absolument, comme elle l’est par Malone et par l’immense majorité des commentateurs.
Troisième question : La comédie de Shakespeare doit-elle être regardée comme une introduction à la première partie de Henry IV, conformément à l’opinion de Chalmers et de M. Knight, ou comme faisant suite à la seconde partie, selon l’avis de Johnson ?
Je vais essayer de résoudre le triple problème.
Tout d’abord une présomption grave s’élève contre la théorie de Chalmers et de M. Knight. En 1598, Meres, critique enthousiaste de Shakespeare, donne le catalogue des comédies jusque-là publiées par le poëte : il cite les Deux Gentilshommes de Vérone, la Comédie des erreurs, Peines d’amour perdues, Peines d’amour gagnées (titre primitif de Tout est bien qui finit bien), le Songe d’une nuit d’été, le Marchand de Venise, mais ne nomme pas les Joyeuses Épouses de Windsor. Or, si cette dernière œuvre était composée dès 1592 ou 1596, si elle était au répertoire depuis plusieurs années, comment se fait-il que l’auteur de Palladis Tamia ne l’ait pas mentionnée ? Manque de mémoire, dira-t-on. Mais Meres a-t-il pu oublier cette inoubliable comédie, vouée dès son apparition à un succès populaire, la plus anglaise peut-être