blaient ; — sous l’influence de sa lumière désirée, — la mer se calma, et nous distinguâmes — au loin deux navires qui venaient vers nous, — l’un du côté de Corinthe, l’autre du côté d’Épidaure. — Mais avant qu’ils nous eussent atteints… Oh ! permettez que je n’en dise pas davantage. — Par ce qui précède devinez la suite.
— Non, continue, vieillard ; ne t’interromps pas ainsi ; — tu peux obtenir notre pitié, sinon notre pardon.
— Oh ! si j’avais obtenu celle des dieux, je n’aurais pas eu — alors à les qualifier d’inexorables ! — Les deux navires étaient encore éloignés d’une dizaine de lieues — quand nous rencontrâmes un gros rocher ; — violemment lancé contre cet écueil, — notre secourable esquif se brisa par le milieu, — de telle sorte que, dans notre inique divorce, — la fortune laissa à ma femme et à moi — une consolation et un regret. — La moitié du mât qui la portait, pauvre âme, étant apparemment chargée — d’un poids moindre, mais non d’une moindre douleur, — fut emportée par le vent avec plus de vitesse, — et tous trois furent recueillis à nos yeux — par des pêcheurs de Corinthe, à ce que nous crûmes. — Enfin, un autre navire nous prit à son bord ; — et, dès qu’ils surent qui ils avaient eu la chance de sauver, — les gens de l’équipage accordèrent les soins les plus empressés aux naufragés leurs hôtes ; — ils voulaient même enlever leur proie aux pêcheurs ; mais leur bâtiment n’était pas assez fin voilier, — et conséquemment ils dirigèrent leur course vers leur pays. — Vous savez maintenant comment j’ai été arraché à mon bonheur ; — l’adversité n’a prolongé ma vie — que pour que je fisse le triste récit de ma propre infortune.
— Au nom de ceux que tu pleures, — fais-moi la faveur