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SCÈNE VI.

Entre, sortant de la maison, Dromion de Syracuse.
antipholus de syracuse.

Eh bien, Dromion ? où cours-tu si vite ?

dromion de syracuse.

Vous me reconnaissez, monsieur ? Suis-je Dromion ? Suis-je votre homme ? Suis-je moi-même ?

antipholus de syracuse.

Tu es Dromion, tu es mon homme, tu es toi-même.

dromion de syracuse.

Je suis un âne, je suis l’homme d’une femme, et hors de moi.

antipholus de syracuse.

De qu’elle femme es-tu l’homme, et comment es-tu hors de toi ?

dromion de syracuse.

Eh bien, monsieur, je ne m’appartiens plus, je suis la propriété d’une femme, une femme qui prétend à moi, qui me hante, qui me veut.

antipholus de syracuse.

Quelles prétentions peut-elle avoir sur toi ?

dromion de syracuse.

Eh ! monsieur, juste les mêmes prétentions que vous pourriez avoir sur votre cheval ; elle me réclame comme une bête ; ce n’est pas que je sois une bête et qu’elle me réclame à ce titre ; mais c’est qu’elle-même est une créature fort bestiale et qu’elle me veut.

antipholus de syracuse.

Qui est-elle ?

dromion de syracuse.

Une fort respectable personne, et dont on ne peut parler sans dire : sauf votre respect. Je n’ai fait qu’une maigre affaire dans ce marché-là, et pourtant c’est un mariage prodigieusement gras.