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LA COMÉDIE DES ERREURS.

dromion d’éphèse.

— Pour un bout de corde ; et je reviens dans le but de vous l’apporter.

antipholus d’éphèse.

— Et voici dans quel but je la reçois.

Il le frappe.
l’officier.

Cher monsieur, ayez patience !

dromion d’éphèse.

Ah ! c’est à moi d’être patient ; je suis dans l’adversité.

l’officier.

Mon bon, retiens ta langue.

dromion d’éphèse.

Ah ! persuadez-lui plutôt de retenir sa main.

antipholus d’éphèse.

Fils de putain, maraud, tu as donc perdu le sens.

dromion d’éphèse.

Je voudrais bien l’avoir perdu, monsieur, pour ne pas sentir vos coups.

antipholus d’éphèse.

Tu n’es sensible qu’aux coups, comme les ânes.

dromion d’éphèse.

Je suis un âne en effet ; mes oreilles si bien allongées par vous le prouvent… Je l’ai servi depuis l’heure de ma naissance jusqu’à cet instant, et je n’ai rien gagné à son service que des coups. Quand j’ai froid, il me réchauffe avec une raclée ; quand j’ai chaud, il me rafraîchit avec une raclée ; une raclée m’éveille quand je dors, me fait lever quand je suis assis, me met à la porte quand je sors, m’accueille quand je rentre. Je l’ai constamment sur les épaules, comme une mendiante son marmot ; et je crois que, quand il m’aura estropié, je mendierai avec elle de porte en porte.