— Ce jour même, noble duc, elle m’a fermé la porte de ma maison, — tandis qu’elle y banquetait avec des ruffians !
— C’est une faute grave. Dis, femme, as-tu fait cela ?
— Non, mon bon seigneur. Moi-même, lui et ma sœur — nous avons dîné aujourd’hui ensemble. Par le salut de mon âme, — ce qu’il m’impute est faux.
— Puissé-je ne jamais voir le jour, ni dormir la nuit, — si elle ne dit pas à Votre Altesse la pure vérité !
— Ô femme parjure ! Toutes deux mentent. — Sur ce point, le fou les accuse justement.
— Mon suzerain, je pèse toutes mes paroles. — Je ne suis pas troublé par l’effet du vin ; — je ne suis pas un forcené, provoqué par un délire de fureur, — bien que de tels outrages eussent pu rendre fou un plus sage. — Cette femme m’a fermé ma porte aujourd’hui quand je rentrais dîner ; l’orfèvre que voilà, s’il n’était ligué avec elle, — pourrait l’attester, car il était alors avec moi. — Il m’avait quitté pour aller chercher une chaîne, — promettant de me l’apporter au Porc-Épic, où Balthazar et moi étions allés dîner ensemble. — Notre dîner fini, voyant qu’il ne venait pas, — je suis allé le chercher ; je l’ai rencontré dans la rue — en compagnie de ce monsieur. — Là cet orfèvre parjure a fait le serment — que dans la journée j’avais reçu de lui la chaîne, — et Dieu sait que je ne l’ai pas encore vue. Sous ce prétexte, — il m’a fait arrêter par un exempt. — J’ai obéi, et j’ai envoyé mon valet chez moi — me chercher un sac de ducats ;