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SCÈNE III.

pourvu qu’il ne soit pas du nombre de mes supérieurs ; pourtant je ne me compare pas à un vieillard !

sir tobie.

De quelle force es-tu à la danse, chevalier ?

sir andré.

Ma foi, je sais découper la gigue.

sir tobie.

Et moi découper le gigot.

sir andré.

Et je me flatte d’être à la culbute simplement aussi fort que qui que ce soit en Illyrie.

sir tobie.

Pourquoi tout ça reste-t-il caché ? Pourquoi tenir ces talents derrière le rideau ? Risquent-ils de prendre la poussière comme le portrait de mistress Mall (24) ? Pourquoi ne vas-tu pas à l’église en une gaillarde, et ne reviens-tu pas en une courante ? Si j’étais de toi, mon pas ordinaire serait une gigue ; je ne voudrais jamais lâcher de l’eau qu’en cinq temps. Que prétends-tu ? Vivons-nous dans un monde où il faille cacher les mérites ? Je croirais, à voir l’excellente constitution de ta jambe, qu’elle a été formé sous l’étoile d’une gaillarde.

sir andré.

Oui, elle est solide, et elle a assez bon air dans un bas couleur flamme. Improviserons-nous quelque divertissement ?

sir tobie.

Que faire de mieux ? Sommes-nous pas nés sous le signe du Taureau ?

sir andré.

Le Taureau ? Il agit sur les côtes et sur le cœur.

sir tobie.

Non, messire, sur les jambes et sur les cuisses. Que je