Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 1.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

172 LES GENTILSHOMMES DE VERONE.

Entre SILVIA avec sa suite.

JULIA. — Bonjour, noble dame, veuillez, je vous prie, m’accompagner vers Madame Silvia.

SILVIA. — Que lui voudriez-vous si c’était moi qui fût elle ?

JULIA. — Si c’est vous qui êtes Silvia, je supplie votre patience de vouloir bien écouter le message que je suis chargé de vous transmettre.

SILVIA. — De la part de qui ?

JULIA. — De la part de mon maître, messire Protée, Madame.

SILVIA. — Ah ! il vous envoie chercher un portrait.

JULIA. — Oui, Madame.

SILVIA. — Ursule, apporte ici mon portrait. — (On apporte le portrait.) Donne ceci à ton maître, et dis-lui de ma part qu’une certaine Julia, qu’ont oubliée ses pensées changeantes, conviendrait mieux à l’ornement de sa chambre que cette ombre de ma personne.

JULIA. — Madame, qu’il vous plaise de lire cette lettre. (Elle lui donne une lettre.) Pardonnez-moi, Madame, je vous ai par mégarde remis une lettre qui ne vous regarde pas ; voici celle qui est adressée à Votre Seigneurie. (Elle lui en donne une autre.)

SILVIA. — Je t’en prie, laisse-moi regarder encore la première.

JULIA.— Cela ne se peut pas, excellente dame, pardonnez-moi.

SILVIA. — Tenez alors. (Elle lui rend la première lettre.) Je ne jetterai pas les yeux sur ces lignes de votre maître ; je sais qu’elles sont farcies de protestations et pleines de serments nouveau-nés qu’il brisera aussi aisément que je déchire ce papier. (Elle déchire la seconde lettre.)

JULIA. — Madame, il envoie cet anneau à Votre Seigneurie.

SILVIA. — Il n’en est que plus indigne, de me l’envoyer, car je lui ai entendu dire mille fois que sa Julia le