Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 1.djvu/191

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178 LES GENTILSHOMMES DE VÉRONE.

THURIO.—Parbleu, voilà qui promet une fille diantrement folle ! Fuir sa fortune, lorsque sa fortune la suit. Je vais courir après eux, plutôt pour me venger d’Églamour que par amour pour cette extravagante de Silvia. (Il sort.)

PROTÉE. — Et moi, je pars aussi ; mais plus par amour pour Silvia que par haine-pour-’Eglamour, -qui L’accompagne. " (Il sort.)

JULIA. — Et moi, je pars à mon tour, plus pour m’opposer à cet amour que par haine pour Silvia, qui est partie par amour. (Elle sort.)

SCÈNE ni.

Les frontières de Mantoue. — La forêt. Entrent LES BANDITS avec SILVIA.

PREMIER BANDIT. — Venez, venez ; soyez patiente, nous devons vous mener devant notre capitaine.

SILVIA. — Mille malheurs plus grands m’ont appris à supporter celui-là avec patience.

SECOND BANDIT. — Venez ; amenez-la.

PREMIER BANDIT. — Où est le gentilhomme qui l’accompagnait ?

TROISIÈME BANDIT. — Il a de bonnes jambes et nous a échappé ; mais Moïse et Vaierius le poursuivent. Va-t’en avec elle jusqu’à l’extrémité de la forêt, à l’ouest ; notre capitaine est là. Nous allons poursuivre l’homme en fuite ; le taillis est cerné, if ne peut s’échapper.

(Ils sortent tous, excepté le premier bandit et Silvia.)

PREMIER, BANDIT. — Venez, je vais vous mener à la caverne du capitaine ; n’ayez pas peur, il est plein d’honneur et n’est pas homme à se conduire déloyalement avec une femme.

SÎLVIA. — O Valentin, voilà ce que j’endure pour toi !

(Ils sortent.)