Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/451

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jeu, et le vieux proverbe dit que le troisième paie pour tous : le triplex, Monseigneur, est une bonne mesure de danse, comme les cloches de Saint-Benêt peuvent vous le rappeler, Monseigneur ; une, deux, trois.

Le Duc. — Pour cette fois, vos folies ne me tireront plus d’argent de la poche : si vous voulez faire savoir à votre maîtresse que je suis venu pour lui parler et la ramener avec vous, ce service pourra réveiller encore une fois ma générosité.

Le Bouffon. — Parbleu, Monseigneur, bon Dodo alors à votre générosité jusqu’à ce que je revienne. Je pars, Monseigneur ; mais je ne voudrais pas que vous croyiez que mon désir de recevoir est de la convoitise : mais, comme vous le dites, Monseigneur, faites faire un somme à votre générosité ; je la réveillerai tout à l’heure. (Il sort.)

Viola. — Voici venir l’homme qui m’a secouru, Monseigneur.

Entrent des Officiers De Police avec ANTONIO.

Le Duc. — Je reconnais parfaitement la figure de cet homme ; cependant la dernière fois que je la vis, elle était aussi noire que celle de Vulcain, barbouillée qu’elle était par la fumée de la guerre : il était capitaine d’un vaisseau minuscule, sans valeur pour le volume et le tirant-d’eau, et néanmoins il engagea un combat si meurtrier avec le plus beau navire de notre flotte que l’envie elle-même et la voix des vaincus crièrent honneur et renom sur lui. Que lui arrive-t-il ?

Premier Officier. — Orsino, voici cet Antonio qui prit le Phénix revenant de Candie, ainsi que sa cargaison : c’est lui qui montait le Tigre dans ce combat où votre jeune neveu Titus perdit sa jambe : nous l’avons appréhendé ici, dans la rue, au milieu d’une querelle particulière où il s’était engagé audacieusement et au mépris de sa situation.

Viola. — II s’est montré bon pour moi, Mouseigneur ; il a dégainé à mon service, mais il a fini par m’adresser