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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1869, tome 5.djvu/372

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ACTE V, SCÈNE II. 365

garde ton tranchant ; cœur, garde ta colère : les prêtres prient pour les ennemis, mais les princes les tuent. (Il sort.)

Alarmes, escarmouches. Entrent LE ROI HENRI, LA REINE BIARGUERITE, et autres, faisant retraite.

LA REINE MARGUERITE. — Fuyons, Monseigneur ! vous êtes trop lent ; au nom de la honte, fuyons !

LE ROI HENRI. — Pouvons-nous fuir les volontés du ciel ? restons, ma bonne Marguerite.

LA REINE MARGUERITE. — De quelle pâte êtes-vous donc fait ? Vous ne voulez ni combattre, ni fuir : c’est maintenant force d'âme, sagesse et prudence à nous de céder devant l’ennemi, et de nous mettre de notre mieux en sûreté puisque nous ne pouvons rien faire de mieux que fuir. (Alarme dans le lointain.) Si vous êtes pris, nous aurons vu alors le fond de notre fortune ; tandis que si nous échappons, comme nous le pouvons, pourvu que votre négligence n’y mette pas obstacle, nous atteindrons Londres où vous êtes aimé, et où cette brèche faite aujourd’hui à notre fortune pourra être aisément réparée.

Rentre LE JEUNE CLIFFORD.

LE JEUNE CLIFFORD. — Si mon cœur n’était tout dévoué aux vengeances futures, j’aimerais mieux proférer des blasphèmes que de vous conseiller de fuir : mais il vous faut fuir : un irréparable découragement règne dans les cœurs, de tous ceux de notre parti. Fuyez pour votre sûreté ! et nous, nous vivrons pour voir le jour où ils nous rendront leur victoire d’aujourd’hui. Fuyez, Monseigneur, fuyez ! (Ils sortent.)