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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1871, tome 8.djvu/417

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MACBETH.


Scène II.

Un camp près de FORRES. Alarme dans le lointain.


Entrent Duncan, Malcolm, Donalbain, Lennox, avec des gens de leur suite. Ils se rencontrent avec un capitaine blessé.

Duncan. — Quel est cet homme ensanglanté ? S’il faut en juger par l’état où le voilà, il peut nous informer de la plus récente situation de la révolte.

Malcolm. — Cet homme est le sergent[1] qui, comme un vrai et hardi soldat, a combattu pour m’empêcher d’être pris. — Salut, brave ami ! apprends au roi où en était la lutte lorsque tu l’as quittée.

Le capitaine. — L’issue en était douteuse, et les deux armées étaient semblables à deux nageurs épuisés, qui s’étreignent et neutralisent ainsi leur habileté. L’impitoyable Macdonald (digne d’être un rebelle, car toutes les détestables et si prolifiques aptitudes naturelles nécessaires pour cela fourmillent en lui) est pourvu de troupes de Kernes et de Gallowglasses venues des îles de l’Ouest[2] ; et la Fortune, souriant à son diabolique projet, s’est conduite comme la vraie catin d’un rebelle : mais tout cela cependant n’a pas été assez ; car le brave Macbeth (il mérite bien ce nom), dédaignant la Fortune, a brandi son épée toute fumante d’un sanglant carnage, et comme un favori de la valeur, s’est taillé un passage dans les rangs, jusqu’à ce qu’il ait pu voir le gredin face à face ; et il ne s’est pas amusé à lui serrer la main, ni à lui dire bonjour, avant de l’avoir décousu depuis le cœur jusqu’au bas des côtes, et d’avoir planté sa tête sur nos bastions.

Duncan. — Ô vaillant cousin ! digne gentilhomme !

Le capitaine. — De même que des tempêtes fatales aux navires et d’effrayants coups de tonnerre partent précisé-

  1. This is the sergeant. Sergent ne désignait pas autrefois le sous-officier d’aujourd’hui ; c’était un véritable officier, égal en rang à un squire, chargé de la garde du roi et de services importants, tels que l’arrestation des traîtres, etc.
  2. Nous n’avons plus besoin d’expliquer au lecteur ce qu’étaient les Kernes et les Gallowglasses après les notes nombreuses que nous leur ayons consacrées dans les drames historiques. Voir Richard II et le deuxième Henri VI notamment.