Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/153

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être ensevelie avec toi ; employée au contraire, elle vivra pour être ton exécuteur testamentaire. »

11. She is the hopeful lady of my earth, elle est en espérance la dame de ma terre, expression aujourd’hui un peu baroque, mais qui se rapporte à l’expression juridique par laquelle l’ancien droit qualifiait une héritière, fille de terre, selon le vieux mot français.

12. « Tachius nous apprend que le crapaud avant d’engager combat avec l’araignée se fortifie par le moyen de cette plante, et que s’il se retire blessé, il a recours pour se guérir à cette même plante. » (GRAY.)

13. Lady-Bird, dit le texte, dame-oiseau.

14. Shakespeare qui observe la couleur locale jusque dans ses moindres détails, ayant à faire chercher une date par la nourrice, n’a pas manqué d’avoir recours à un de ces accidents naturels qui sont les calendriers du peuple par tous pays, Un tremblement de terre pour une Italienne du peuple est une de ces dates, comme le serait une inondation pour une nourrice hollandaise. Les commentateurs nous apprennent que dans les vingt-cinq années qui précédèrent la représentation de Roméo et Juliette, il y avait eu deux tremblements de terre célèbres, dont l’un en 1580 se fit sentir à Londres et autres villes d’Angleterre. Mais il est plus probable que le poëte a voulu mentionner un tremblement de terre terrible qui eut lieu précisément dans les environs de Vérone et qui détruisit Ferrare, en 1570. D’après une brochure du temps, ce tremblement de terre se serait fait sentir deux fois : la première fois, le 11 novembre, il aurait duré l’espace d’un Ave Maria ; la seconde, le 17, la, terre aurait tremblé tout le jour, et le nombre des secousses ressenties aurait été de 104 en heures. Le- titre de cette brochure mérite du resté d’être cité, parce qu’il donne une idée des ravages qu’opéra ce tremblement de terre par l’effroi qu’il semble avoir inspire à l’auteur. Le voici in extenso : « Copie de la lettre envoyée de Ferrare le 22 de novembre 1570. Imprimée à Londres, dans Paul’s Churchiard, au signe de la Lucrèce, par Thomas Purfoote, dans, laquelle lettre l’écrivain décrit les grands et horribles tremblements de terre, les pertes excessives et irréparables, avec la grandes mortalité du peuple, la ruine et le renversement d’un nombre infini, de monastères, palais et autres demeures, et la destruction du château de sa, gracieuse excellence. » Un érudit, M. Hunter, nous apprend que lorsque l’église de Saint-Étienne à Ferrare fut rebâtie, on grava sur sa façade une inscription latine qu’il cite, mais que nous nous dispensons de rapporter, car par une coïncidence étrange, elle reproduit exactement le titre détaillé, de la brochure que nous venons de citer.

15. Quelques commentateurs qui semblent, peu au fait du langage porpulaire de tous les temps ont trouvé cette expression de la nourrice un peu étrange, et dans leur bonne volonté de justifier leur auteur, ils ont cherché des précédents à cet homme de cire. Ils en ont trouvé, que ne trouve-t-on pas ? Horace en effet n’a-t-il pas parlé, de bras de cire, cerea brachia ? Les commentateurs sont trop ingénieux. Pour la nourrice de Juliette, comme pour bon nombre de nourrices de l’an 1871, les figures de cire que l’on voit chez les coiffeurs ou autres lieux, représentent.