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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/164

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ACTE V, SCÈNE III.
O don céleste, qui gouvernes l’esprit,
Comme le gouvernail régit le vaisseau !
O musique que les Dieux envoyèrent ici-bas
Pour consoler l’homme, que le chagrin aurait étouffé ;
Puisque tu remues également bête et homme,
Quelle bête est-il celui qui te désapprouverait ?

ACTE V.

1. Lorsqu’un franciscain désirait soit faire un voyage, soit seulement s’absenter ou faire une tournée en ville, le supérieur du couvent lui adjoignait un compagnon, afin qu’on fût sûr du but de son excursion et que toute tentation possible du diable fût prévenue. Il parait que cette coutume n’était pas seulement propre aux frères franciscains. Dans la Visitatio notabilis de Selborne, imprimée par le curé Gilbert White, dans sa charmante Histoire naturelle de Selborne, ou voit que Wykeham enjoint aux chanoines de ne pas sortir sans la permission du prieur, qui dans ces cas-là devra nommer un compagnon, ne suspicio sinistra vel scandalum oriatur.

2. A lantern, dit le texte. Il s’agit ici de ces petites tours rondes ou octogones, pleines de fenêtres, par le moyen desquelles les cathédrales et les châteaux étaient illuminés, et qu’on nommait lanternium.

3. Dans la nouvelle de Luigi da Porto, il n’est pas fait mention de ces punitions et de ces récompenses ordonnées par le prince. Dans Bandello il est dit qu’il fut pardonné à Pierre, domestique de Roméo, et au frère Laurent. Mais dans le vieux poëme d’Arthur Brooke qui a précédé le Roméo et Juliette de Shakespeare, il est dit que Pierre fut pardonné, la nourrice chassée de la maison de ses maîtres et bannie, et l’apothicaire pendu par la gorge. Il est dit encore dans ce poëme que pour ses peines le bourreau obtint his cot. Je ne sais trop comment il faut entendre ce dernier mot ; s’agit-il des vêtements de l’apothicaire, coats ? C’était un mince revenant bon : se rappeler la description du personnage par Roméo. S’agit-il de sa boutique, de sa bicoque, cot ? Il n’y avait pas là non plus de quoi permettre au bourreau de se retirer des affaires, et il lui fallut évidemment pendre encore avant de vivre de ses rentes un bon nombre d’individus, apothicaires et autres ; le crocodile empaillé, les bouts de ficelle, et les vieux morceaux de conserve de rose mentionnés par Roméo étant insuffisants pour procurer une retraite honorable à ce fonctionnaire. Quant au frère Laurent, on lui permit d’aller dans la retraite finir ses jours et déplorer son imprudence. C’est évidemment à ce vieux poëme que Shakespeare a emprunté ces paroles du prince.