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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/218

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arrive cette nuit, bornez-vous à la comprendre ; mais pas de paroles : je récompenserai votre amitié. Là-dessus, adieu : j’irai vous rejoindre sur l’esplanade entre onze heures et minuit.

Tous. — Notre obéissance est au service de Votre Honneur.

HAMLET. — Dites votre amitié, comme la mienne est à votre service : adieu. (Sortent Horatio, Marcellus et Bernardo.) Le fantôme de mon père en armes ! tout n’est pas droit ; je soupçonne quelque vilain jeu : que je voudrais que la nuit fût venue ! Jusque-là, reste paisible, mon âme : les actions indignes apparaîtront toujours, quand bien même toute la terre les couvrirait pour les cacher aux yeux des hommes ! (Il sort.)

SCÈNE III.

Un appartement dans la demeure de POLONIUS.
Entrent LAERTES et OPHÉLIA.

LAERTES. — Mes effets sont embarqués ; adieu : et, ma sœur, toutes les fois que les vents seront bons et qu’il y aura un navire en partance, ne soyez pas paresseuse, mais faites-moi savoir de vos nouvelles..

OPHÉLIA. — Doutez-vous que je ne le fasse ?

LAERTES. — Quant à Hamlet, et au badinage de ses attentions, regardez cela comme une fantaisie, un caprice du sang, une violette aux premiers jours de la nature printamère, précoce mais non permanente, suave mais non durable, le parfum et la volupté d’une minute, rien de plus.

OPHÉLIA. — Rien de plus que cela ?

LAERTES. — Ne le tenez pour rien d’autre : car la nature en croissant ne se développe pas seulement en muscles et en volume ; mais à mesure que ce temple grandit, le service intérieur de l’esprit et de l’âme grandit également Peut-être vous aime-t-il maintenant ; et peut-être main-