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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/231

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HAMLET. — Donnez-lui donc en conséquence la bienvenus comme à un étranger. Horatio, il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, que n’en rêve votre philosophie. Mais, venez ; — à cette place-ci, comme vous avez fait déjà, (et que la grâce vous assiste !) jurez que jamais, quelque étrange où bizarre que soit ma conduite, — car il est possible que parla suite je juge convenable de prendre des allures désordonnées, — lorsque vous me verrez à de tels moments, jurez que jamais, soit en vous croisant ainsi les bras, soit en secouant ainsi la tête, soit en prononçant quelque phrase dubitative, telle que « Bien, bien, nous savons, » ou « Nous pourrions si nous voulions, » ou « S’il nous convenait de parler », ou « Il y en a qui s’ils le pouvaient, » ou toute autre insinuation ambiguë de cette espèce, vous ne donnerez indice que vous savez quoi que ce soit sur mon compte ; — jurez de ne pas faire cela, et que la grâce et la clémence divine vous soient en aide à l’heure où vous en aurez un besoin pressant !

LE FANTÔME, sous terre. — Jurez !

HAMLET. — Repose, repose, âme en peine ! — Maintenant, gentilshommes, je me recommande à vous de toute la force de mon affection, et aussi pauvre homme que soit Hamlet, Dieu aidant, rien de ce qu’il pourra faire pour vous exprimer son affection et son amitié ne vous manquera. Rentrons ensemble ; — et éternellement vos doigts sur vos lèvres, je vous prie Ce temps-ci est hors de son équilibre : ô fatalité maudite ! pourquoi faut-il que je sois né pour l’y faire rentrer ! — Allons, venez, rentrons ensemble. (Ils sortent.)