Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans nos opinions, qu’il est ordinaire aux jeunes gens de manquer de discernement. Viens, allons trouver le roi : cela doit être connu, car tenir cela caché, pourrait nous apporter plus de chagrin que révéler cet amour ne nous vaudra de haine. (Ils sortent.)

SCÈNE II.

Un appartement dans le château.
Entrent LE ROI, LA REINE, ROSENCRANTZ, GUIL-DENSTERN, et des gens de la suite.

LE ROI. — Soyez les bienvenus, mes chers Rosencrantz et Guildenstern ! Outre que depuis longtemps nous désirions vous voir, le besoin que nous avons de vous employer nous a provoqués à vous envoyer chercher en toute hâte. Vous avez eu quelque nouvelle de la transformation d’Hamlet ; je l’appelle ainsi, puisque ni à l’extérieur ni à l’intérieur, l’homme ne ressemble plus à ce qu’il était. Ce qui a pu à ce point l’égarer hors de lui-même, si c’est autre chose que la mort de son père, je ne puis l’imaginer. Je vous en supplie tous les deux, vous qui depuis vos premières années avez été élevés avec lui, et qui en conséquence avez connu de si près sa jeunesse et son humeur, accordez-nous la faveur de séjourner quelque temps ici, dans notre cour : vous l’inciterez au plaisir par votre compagnie ; et recueillez autant d’indices que l’occasion vous en présentera, afin que nous arrivions à découvrir si son affliction a quelque cause à nous inconnue dont le remède soit en notre pouvoir.

LA REINE. — Mes bons gentilshommes, il a beaucoup parlé de vous, et je suis sûre qu’il n’est pas deux hommes actuellement vivants auxquels il soit plus attaché. S’il vous plaisait de nous montrer assez de bonne grâce et de bonne volonté pour dépenser vos heures avec nous pendant un certain temps au bénéfice et au succès de