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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/238

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LE ROI. — Fais-leur toi-même honneur ; introduis-les (Sort Polonius.) Il me dit, ma charmante reine, qu’il a trouvé la cause et la source de l’égarement de votre fils.

LA REINE. — Je doute qu’il y en ait d’autre que ce grand motif, la mort de son père et notre mariage précipité.

LE ROI. — Bon, nous l’éplucherons.

Rentre POLONIUS avec VOLTIMAND et CORNÉLIUS.

LE ROI. — Soyez les bienvenus, mes bons amis ! Parlez, Voltimand ; que dit notre frère de Norwége ?

VOLTIMAND. — Il vous retourne en toute courtoisie vos compliments et vos bons vœux. Dès notre arrivée, il envoya des ordres pour qu’on arrêtât les levées de son neveu, lesquelles lui paraissaient des préparatifs contre les Polonais ; mais en mieux examinant, il découvrit que ces préparatifs étaient bien en réalité dirigés contre Votre Altesse : alors, affligé de ce qu’on profitait pour le tromper de sa maladie, de sa vieillesse et de son impuissance, il fit envoyer à Fortinbras sommation de s’arrêter, sommation à laquelle celui-ci obéit incontinent ; et après avoir reçu du roi de Norwége une sévère réprimande, il a fait serment devant son oncle de ne jamais plus chercher à attaquer par les armes Votre Majesté. Là-dessus le vieux Norwége, transporté de joie, lui a fait don de trois mille écus de revenu annuel, et lui a octroyé sa commission pour employer contre les Polonais ces soldats qu’on avait cru levés en effet contre eux ; et il a exprimé le désir, ici plus amplement formulé (il remet un papier au roi), qu’il plût à Votre Majesté de permettre libre passage à travers vos états pour cette entreprise, et cela en vous donnant les gages de sécurité et les allocations qui sont consignées dans cet écrit.

LE ROI. — Cela nous plaît beaucoup ; à un moment de meilleur loisir, nous lirons cette requête, nous y réfléchirons, et nous lui donnerons réponse-. En attendant, nous vous remercions pour les peines que vous avez prises et qui ont été si bien couronnées de succès : allez vous reposer ; ce soir nous festoierons ensemble :