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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/273

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Que ta nature magique et tes propriétés sinistres

Usurpent immédiatement la vie salubre.

(Il verse le poison dans l’oreille du dormeur.)

HAMLET. — Il l’empoisonne dans le jardin pour s’emparer de son état. Son nom est Gonzago : l’histoire existe, et elle est écrite en italien très-élégant. Vous verrez tout à l’heure comment le meurtrier gagne l’amour de la femme de Gonzago.

OPHÉLIA. — Le roi se lève !

HAMLET. — Comment, il est effrayé par un feu pour rire !

LA REINE. — Comment se trouve mon Seigneur ?

POLONIUS. — Cessez la représentation.

LE ROI. — Éclairez-moi ; — partons !

Tous. — Des flambeaux, des flambeaux, des flambeaux ! (Tous sortent, hormis Hamlet et Horatio.)

HAMLET :

Parbleu, laissez le daim blessé pleurer,

Et laissez jouer le daim sans blessures ;

Car les uns doivent veiller, tandis que les autres dorment ;

Et ainsi va le monde.

Ne croyez-vous pas, Monsieur, que cette chanson-là, en y ajoutant une forêt de panaches, et deux rosettes en forme de roses de Provins [7] sur mes souliers à large ouverture, ne pourrait pas me valoir le titre de sociétaire dans une troupe de comédiens, si ce qui me reste de fortune vient à se conduire en Turc avec moi ?

HORATIO. — Certes, une demi-part de profits.

HAMLET. — Une part entière, j’en suis sûr [8].

Car tu sais, ô mon cher Damon,

Que ce royaume devint veuf

De Jupiter lui-même ; et celui dont le règne est ici tout neuf,

Est un vrai, un vrai — paon.