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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/287

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sur le toit de la maison, donnez la volée aux oiseaux, et comme le singe fameux, glissez-vous dans la cage pour faire une expérience, et cassez-vous le cou en tombant avec elle.

LA REINE. — Sois assuré que si les paroles sont faites de souffle, et que si le souffle est fait de vie, je n’ai aucune vie pour souffler mot de ce que tu m’as dit.

HAMLET. — Je dois aller en Angleterre ; vous savez cela ?

LA REINE. — Hélas ! j’avais oublié que c’est une chose ainsi arrêtée.

HAMLET. — Voici mes lettres scellées : mes deux camarades d’études, auxquels je me fierai comme à des vipères pourvues de crocs, portent l’ordre ; ils doivent déblayer ma route, et me conduire vers un traquenard. Laissons faire ! c’est plaisir de voir l’ingénieur sauter en l’air par le fait de son propre pétard : il faudra que les choses soient bien difficiles, si je ne creuse pas à une toise au-dessous de leur mine, et si je ne les lance pas jusqu’à la lune. Oh, c’est la chose la plus amusante, quand deux ruses marchant sur une même ligne se rencontrent de front. — Cet homme que voici mort va hâter mes paquets : je vais traîner sa charogne dans la chambre voisine. Mère, bonne nuit. — En vérité, ce conseiller qui vivant était un sot drôle babillard, est maintenant fort silencieux, fort discret, et fort grave. Venez, Monsieur, nous allons en’ finir avec vous. — Bonne nuit, mère. (Ils sortent de divers côtés, et Hamlet en traînant le corps de Polonius.)