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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/330

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malice préméditée me justifie assez pleinement devant vos sentiments les plus généreux, pour que vous ne voyiez plus en moi qu’un homme qui en lançant sa flèche par-dessus la maison a blessé son frère.

LAERTES. — Mon cœur qui dans ce cas particulier devrait cependant me pousser à la vengeance, déclare avoir obtenu pleine satisfaction : mais l’honneur me fait une loi de continuer à me tenir à l’écart ; je ne veux pas de réconciliation, jusqu’à ce que des juges plus âgés, d’un honneur reconnu, aient établi l’arrêt et les précédents d’une paix qui puisse conserver mon nom sans tache. Mais jusqu’à ce moment, j’accepte votre offre d’amitié comme sincère, et je ne la tromperai pas.

HAMLET. — J’accepte volontiers cette assurance ; et je veux aider franchement à décider ce pari d’Un frère. — Donnez-nous les fleurets. — Marchons.

LAERTES. — Allons, donnez-m’en un.

HAMLET. — Je serai non votre fleuret, Laertes, mais le fleuron de votre renommée ; car pareil à une étoile dans la plus sombre nuit, votre talent va singulièrement resplendir devant mon ignorance.

LAERTES. — Vous vous moquez de moi, Seigneur,

HAMLET. — Non, par cette main.

LE ROI. — Donnez-leur les fleurets, jeune Osric. — Neveu Hamlet, vous connaissez le pari ?

HAMLET. — Parfaitement, Monseigneur ; Votre Grâce a placé ses chances sur la plus faible des deux parties.

LE ROI. — Je ne crains pas cela ; je vous ai vus tous ’ deux : mais comme il s’est perfectionné, nous avons réclamé des avantages pour rétablir l’égalité.

LAERTES. — Celui-là est trop pesant, voyons-en un autre.

HAMLET. — Celui-ci me va parfaitement. Ces fleurets ont tous même longueur ?

OSRIC. — Oui, mon bon Seigneur.

LE ROI. — Placez-moi les flacons de vin sur cette table. — Si Hamlet porte la première ou la seconde botte, ou s’il riposte à la troisième passe, que tous les remparts