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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/335

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comment ces choses sont arrivées : vous entendrez parler alors de crimes luxurieux, sanguinaires et dénaturés, de jugements rendus par le hasard, de meurtres arrivés par accident, de morts amenées par les manèges de la ruse et de la force, et pour couronner le tout, de complots qui s’étant égarés sont retombés sur les têtes de leurs inventeurs. Tout cela je puis vous le révéler en toute vérité.

FORTINBRAS. — Hâtons-nous d’entendre ce récit, et convoquons les plus nobles à cette audience. Pour moi, c’est avec douleur que j’embrasse ma fortune ; j’ai sur ce royaume des droits connus, et que l’occasion favorable m’invite à réclamer à cette heure,

HORATIO. — J’aurai aussi sujet de parler de cela, et au nom de celui dont la voix en entraînera beaucoup d’autres en votre faveur ; mais accomplissons immédiatement ce projet, pendant que les esprits sont en proie à l’égarement, de crainte que par erreurs ou séditions, il n’arrive d’autres malheurs.

FORTINBRAS. — Que quatre capitaines portent Hamlet sur l’estrade, comme on fait pour les soldats ; car il est vraisemblable, que si le destin l’eût mis à l’épreuve, il se fût montré très-grand roi : que la musique guerrière et les marques du respect militaire l’accompagnent sur son passage. Enlevez les corps ; un spectacle pareil orne un champ de bataille, mais offre ici un aspect lugubre. Allez, ordonnez aux soldats de faire une décharge de mousqueterie. (Marche funèbre. Ils sortent emportant les corps, après quoi on entend une décharge d’artillerie.)