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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/336

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COMMENTAIRE.

ACTE I

1. La croyance au pouvoir des savants et des lettrés sûr les fantômes venait probablement de l’habitude de réciter les exorcismes en latin.

2. On croyait que les esprits des personnes qui avaient caché des trésors revenaient sur la terre afin de révéler l’endroit où ces trésors étaient enfouis.

3. Un commentateur anglais, Farmer, fit remarquer que Prudence, poëte chrétien de la décadence latine, avait dans une de ses hymnes, ad Gallicinium (au point du jour, à l'aube). exprimé la même croyance que Shakespeare. Voici le passage de Prudence :

Ferurit, vagantes Boemonas,
Laetos tenebris noctinm,
Gallo canente exterritos
Sparsim timere, et cedere.
Hoc esse signum praescii
Norunt repromissoe spei
Qua nos soporis liberi
Speramus adventum Dei.

« On rapporte que les démons errants, qui s’ébattent joyeux dans le ténèbres des nuits, dès que le coq chante, saisis de crainte, s’enfuient çà et là effrayés et s’évanouissent. Les prévoyants savent que c’est là le signe de l’espérance renouvelée, par laquelle délivrés du sommeil, nous attendons l’arrivée de Dieu. » Il y aurait plus d’une réflexion à faire sur ces vers de Prudence, qui rattachent les nouvelles croyances de l’humanité chrétienne aux plus antiques croyances des hommes, aux hymnes des Vedas à la lumière, aux terreurs que la nuit inspirait ans Indiens primitifs, à l’opposition du jour et de la nuit qui donna naissance à la religion du