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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/379

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que cette île concerne plus le Turc, que Rhodes, il peut encore l’emporter plus facilement, car elle n’est pas armée des mêmes moyens de défense, et manque entièrement des ressources dont Rhodes est pourvue ; — si nous réfléchissons à cela, nous ne pourrons pas croire que le Turc soit assez maladroit, pour laisser en dernière ligne l’île qui le concerne en première, et qu’il néglige une tentative facile et profitable ; pour aller réveiller et défier un danger sans profit.

LE DOGE. — Certes, en toute confiance, on doit croire que cette flotte n’est pas pour Rhodes.

PREMIER OFFICIER. — Voici d’autres nouvelles.

Entre UN MESSAGER.

LE MESSAGER. — Révérends et gracieux Seigneurs, les Ottomans, se dirigeant, directement vers l’île de Rhodes, se sont là renforcés d’une arrière-flotte [8].

PREMIER SÉNATEUR. — Oui, c’est ce que je pensais. De combien est-elle forte cette flotte, dans votre opinion ?

LE MESSAGER. — De trente voiles, et maintenant, ils reviennent sur leurs pas, et Ont bien l’air de porter franchement leurs desseins sur Chypre. Le Signor Montano, votre fidèle et très-vaillant serviteur, vous présente ses devoirs en vous informant dû fait, et en vous priant de le croire.

LE DOGE. — Il est certain alors que c’est pour Chypre. Est-ce que Marc Luccicos [9] n’est pas dans la ville ?

PREMIER SÉNATEUR. — Il est maintenant à Florence.

LE DOGE. — Écrivez-lui de-notre part, et envoyez la lettre en toute diligence, courrier par courrier.

PREMIER SÉNATEUR. — Voici venir Brabantio et le vaillant Maure.

Entrent BRABANTIO, OTHELLO, IAGO, ROBERIGO et des OFFICIERS.

LE DOGE. — Vaillant Othello, nous devons vous employer sur-le-champ contre l’ennemi commun, l’Ottoman [10]. (À Brahantio.) Je ne vous voyais pas ; soyez le