Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/414

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Entre LE BOUFFON.

LE BOUFFON. — Eh. bien, mes maîtres, est-ce que vos instruments sont allés à Naples qu’ils parlent ainsi du nez ?

PREMIER MUSICIEN. — Qu’est-ce à dire, Messire. qu’est-ce à dire ?

LE BOUFFON. — Est-ce que ces instruments sont des instruments à vent, je vous prie ?

PREMIER MUSICIEN. — Oui, pardi, Messire.

LE BOUFFON. — Ah bien, alors ils savent faire des répétitions [2].

PREMIER. MUSICIEN. — Qu’est-ce qui pétitionne, Messire ?

LE BOUFFON. — Parbleu, Messire, plus d’un instrument à vent de ma connaissance. Mais, mes maîtres, voici de l’argent pour vous : le général aime tant votre musique, qu’il vous supplie, par bonne amitié, de ne plus faire de tapage.

PREMIER MUSICIEN. — Bien, Messire, nous n’en ferons pas.

LE BOUFFON. — Si vous avez une musique qu’on puisse ne pas entendre, jouez-la ; mais, comme on dit, quant à entendre de la musique, le général ne s’en soucie pas beaucoup.

PREMIER MUSICIEN. — Nous n’avons pas de musique du genre de celle que vous demandez, Messire.

LE BOUFFON. — En ce cas, remettez vos flûtes dans votre sac, car moi, je m’en vais : allez ; évanouissez-vous dans l’air ; partez ! (Sortent les musiciens.)

CASSIO. — Entendez-vous, mon honnête ami ?

LE BOUFFON. — Non, je n’entends pas votre honnête ami ; je vous entends.

CASSIO. — Je t’en prie, garde tes facéties. Voici une pauvre pièce d’or pour toi ; si la Dame qui sert la femme du général est levée, dis-lui qu’un certain Cassio sollicite la faveur de l’entretenir un instant. Feras-tu cela ?

LE BOUFFON. — Elle vient de sauter à bas du lit, Mes