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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/417

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cart que tout juste autant que le lui commandera la politique.

CASSIO. — Oui, Madame, mais cette politique peut durer si longtemps, se nourrir de prétextes si délicats et si insignifiants, se corerpliquer tellement par suite des circonstances, que, moi absent et ma place occupée, mon général oubliera mon affection et mes services.

DESDÉMONA. — N’aie pas peur de cela, je te réponds de ta place devant Emiiia ici présente. Sois bien certain que lorsque je fais une promesse d’amitié, je la tiens jusqu’au dernier iota : mon Seigneur n’aura pas de repos, je le tiendrai éveillé jusqu’à ce que je l’aie dompté, je l’accablerai de paroles à lui faire perdre patience ; son lit sera comme une école, sa table comme un confessionnal ; je mêlerai à toutes ses occupations la requête de Cassio : ainsi, sois confiant, Cassio ; car ton avocat mourrait plutôt que d’abandonner ta cause.

ÉMILIA. — Madame, voici venir Monseigneur.

CASSIO. — Madame, je vais prendre mon congé.

DESDÉMONA. — Mais, reste, et écoute-moi parler,

CASSIO. — Non, pas maintenant, Madame ; je suis très-mal à l’aise et incapable de servir mes propres affaires.

DESDÉMONA. — Bon, faites comme vous le jugerez convenable..(Sort Cassio.)

Entrent OTHELLO et IAGO.

IAGO. — Ah ! je n’aime pas cela.

OTHELLO. — Que dis-tu ?

IAGO. — Rien, Monseigneur : ou si.... je ne sais quoi.

OTHELLO. — N’était-ce pas. Cassio qui s’est séparé de ma femme ?

IAGO. — Cassio, Monseigneur ! Non, assurément, je ne puis croire qu’il se fût enfui ainsi comme un coupable en vous voyant venir.

OTHELLO. — Je crois que c’était lui.

DESDÉMONA. — Eh bien, Monseigneur, je viens de causer ici avec un solliciteur, un homme qui languit sous votre déplaisir.